Comment parvenir à produire du fourrage saisonnier de qualité?

La luzerne a le titre de reine des plantes fourragères dans le monde.

La luzerne a le titre de reine des plantes fourragères dans le monde.

Par Marcel Frégeau, directeur agronomique et opérationnel STATION

Est-ce possible d’augmenter la qualité des fourrages que l’on récolte pour le bétail durant la saison des pluies tout en obtenant des quantités suffisantes pour toute l’année ?

La réponse est : OUI, C’EST POSSIBLE ! C’est avant tout une question de connaissances et de gestion des cultures.

Ça peut sembler curieux de comparer l’agriculture d’un pays aussi développé que celle du Canada avec celle du Sénégal. Mais détrompez-vous ! Car là d’où je viens, la province de Québec, l’agriculture se pratique sur à peine cinq mois par année alors que la saison végétative s’étale de mai à octobre suivi de gels mortels pour les cultures, et vient la neige et la glace avec des températures allant jusqu’à moins 20 degrés en janvier. On hiberne ! Au Sénégal, ce sera une longue saison sèche, sans pluie, sous un soleil ardent. Dans les deux cas, il faut planifier!

Tout comme les éleveurs québécois, les éleveurs sénégalais procèdent aux récoltes de fourrage en saison de production pour le stocker, espérant en avoir suffisamment pour nourrir le bétail jusqu’à la saison prochaine. Si au Québec on a réussi au fil des soixante  dernières années à conjuguer avec mère nature pour ainsi produire du fourrage en abondance et de très haute qualité, pourquoi ne serait-ce point possible au Sénégal ?

Tout est une question de connaissances, de gestion, de planification. Les chercheurs(res) de l’ISRA ainsi que les compétences des différentes institutions impliquées du Sénégal s’investissent afin de redresser cette situation qui, doit-on l’avouer, se complexifie avec le désordre climatique et une démographie galoppante, avec comme objectif de nourrir le bétail avec des aliments de qualité en en quantité suffisante, et ce, tout au long de l’année.

Les chantiers de récoltes des fourrages dans les régions nordiques comme au Québec ont beaucoup évoluée au fil des décennies. Alors qu’on effectuait une seule récolte de foin jusque dans les années ’60, on parvient aujourd’hui à faire jusqu’à quatre…

Les chantiers de récoltes des fourrages dans les régions nordiques comme au Québec ont beaucoup évoluée au fil des décennies. Alors qu’on effectuait une seule récolte de foin jusque dans les années ’60, on parvient aujourd’hui à faire jusqu’à quatre récoltes comme en fait foie cette photo de quatrième coupe prise en octobre, quelques semaines avant les premières neiges.

PREMIÈRE ÉTAPE : Au préalable, il importe de classifier les catégories de fourrages et par la suite en déterminer leurs caractéristiques, ou si vous préférez leurs qualités respectives. Il y a deux catégories : les graminées et les légumineuses. Chacune ayant ses attributs alors que leur combinaison dans l’alimentation est à considérer. Mais quel que soit la plante récoltée, il importe avant tout qu’elle soit de qualité optimale : maximum de % de protéines, la meilleure digestibilité possible, tout en considérant les conditions locales que sont le climat, les types de sols, etc.

C’est connu, les ruminants ont un besoin quotidien de fourrage dans leur alimentation. Et pour que les animaux performent en kilos de chair ou en litres de lait, il faut leur donner un fourrage de qualité. Il importe donc de bien comprendre et de maîtriser les cultures afin de les récolter au BON STADE DE CROISSANCE. Car une plante fourragère récoltée à un stade trop avancé se traduit par une baisse drastique de performance pour le bétail qui s’en alimentera.

La figure suivante illustre bien les différents stades de croissance d’une plante fourragère. Pour obtenir un aliment de qualité pour le bétail, on récoltera donc cette plante au début de la phase reproductive. En récoltant à ce stade, la plante enclenchera une repousse d’où la possibilité d’effectuer une deuxième, voir une troisième récolte pour cette même plante durant la saison des pluies. L’éleveur obtiendra ainsi un volume équivalent ou certainement supérieur de fourrage récolté alors que celui-ci sera de très haute qualité.

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On en convient : tout cela ne se réalise pas en claquant des doigts. La connaissance est là, les chercheurs et les spécialistes sont à l’œuvre sur le terrain, reste à mettre en place tout le processus qui débute par le transfert de connaissances.

L’implantation de nouveaux cultivars, l’amélioration des variétés existantes, une meilleure connaissance des plantes fourragères. Un processus qui, une fois bien enclenché, pourra être accompagné d’une technologie similaire à celle que l’on retrouve au Canada et ailleurs avec une mécanisation adéquate, des surfaces d’entreposage appropriées, le tout s’inscrivant dans un programme de gestion intégré : de la fertilité des sols jusqu’au produit offert sur le marché.

Dans notre prochain article, nous aborderons la production de cultures fourragères sous irrigation afin d’obtenir des aliments de haute qualité et en grand volume pour le bétail douze mois par année.

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Peut-on envisager l’irrigation dans les cultures fourragères?

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Une évolution rapide de l’agriculture au Sénégal, c’est possible!